samedi 06.12.2008 - La Voix du Nord
Après avoir instauré des « chasse-nèches » pour faire le ménage devant la musique, voilà que les premières lignes font l'objet d'une profonde réflexion collective, menée depuis quelques semaines par la ville et des carnavaleux indépendants. Objectif : lui redonner un zeste de sérénité.
Rigodon. Le moment tant attendu par les masquelours. Ultime round d'un combat physique lancé depuis l'aube. Depuis quelques jours pour les plus fervents. Les lignes se serrent, les bras s'affermissent, la tension monte, la joie et l'ivresse d'être là aussi. Et soudain, patatras !
La musique s'éteint. Cuivres et fifres s'essoufflent. Les baguettes des tambours se figent au garde-à-vous. Les carnavaleux s'étonnent. « Ben, qu'est-ce qu'y a ? », demande une grande panthère mal rasée, affublée d'une perruque blonde vissée de travers. « C'est la première ligne, elle a été chahutée ! », lui répond son compère, grand Viking à barbe rousse.
Cette scène, chaque bande (Dunkerque, Citadelle, Malo, Rosendaël ou Petite-Synthe) l'a vécue (ou presque) ces dernières années. Une situation que la ville entend changer avec l'aide de carnavaleux avertis. Pas de charte de bon comportement comme celle de « Carnavaleux heureux », rédigée voilà huit ans.
Mais une campagne de communication qui se veut tout aussi efficace pour redonner de la sérénité à une première ligne fortement chahutée. Cible privilégiée des lignes suivantes, désireuses de « l'enfoncer ». Proie des masques voulant à tout crin être le cador, au mépris des rites et de l'esprit.
Quatre préceptes
La réflexion a porté sur quatre préceptes. Un, l'esprit d'équipe. « Le carnaval a ses règles, faites de solidarité et d'engagement. Les premières lignes se soutiennent les uns aux autres, se posent sur la deuxième, qui se repose sur la 3e... Toutes les lignes sont importantes. » Deux, le respect. « Patience, la première ligne, ça s'apprend. La bande est un réel apprentissage, un rite où l'autre dépend de toi, et toi, tu le soutiens. On peut s'amuser tout en se respectant. » Trois, l'espace. « Ne viens pas entre les premières lignes et les musiciens. Car la bande doit pousser, ancrer le chahut, retenir la marée des masquelours. » Conseil valable pour les néophytes comme les carnavaleux de longue date qui viennent saluer les copains... Quatre, respecter la partition. « Apprends les chansons et chante par choeur. Marche quand les fifres jouent au lieu de pousser comme un fou, la bande, ça s'écoute ! » La ville et les carnavaleux indépendants ont fait appel aux talents de Pierre Échevin pour communiquer ces quatre préceptes. En espérant qu'au printemps, la mouette du dessinateur soit rieuse à la vue d'un tiens-bon-d'ssus bien compact !