Concert des Prout au Kursaal
par Benjamin CORMIER (texte) et Jean-Charles BAYON (photos)
Les Prout au Kursaal: «On est chez nous!» Devant 5000 personnes, les dix trublions ont offert un concert digne de toutes les attentes. Les déçus de l’Olympia ont pu vivre cet avant-goût de carnaval pendant près de trois heures.
ENTRE les septièmes Assises de l’énergie et le Big Band Glenn Miller au Kursaal, il y a les Prout. La magie de l’éclectisme événementiel a une nouvelle fois opéré. Ainsi, à l’endroit-même où il y a quelque jours, l’on devisait à propos de pompes à chaleur et d’émissions de gaz en toute tranquillité, samedi, on prenait part à une méga chapelle déchaînée de 5 000 personnes, où, s’il ne fut pas directement question d’effet de serre... on a pu vérifier que c’est finalement en se serrant les uns aux autres que l’on se réchauffe le mieux. Et quel bonheur d’assister à cette communion de pré-carnaval depuis la scène. Les dix Prout, encore à savourer la récente expérience parisienne de l’Olympia, puis celle de la sortie tonitruante de leur DVD, ont goûté la scène dunkerquoise avec délectation. « Ce concert, et ce succès, c’est toujours une surprise, une énigme pour nous, glisse Christophe Paulino. Mais on le vit très bien ! »
Deux chansons inédites
Même si les trublions ressentent aujourd’hui avoir touché du doigt leur limite en terme de proximité avec le public – 2 500 personnes à l’Olympia ; le double au Kursaal, le temps de la pause a sonné –, ils n’en ont pas moins profité un maximum. Pendant près de trois heures de concert, et soutenus par une formation musicale solide, les Prout ont enchaîné les tubes repris à l’unisson par le public – à Liverpool en 1964, celui des garçons dans le vent ne connaissait pas mieux les paroles de leurs idoles. La Soeur à Raymonde et Marie-Suzanne ont ainsi flirté avec Johny Goodbite, avant d’aller faire un Tour de digue, où naturellement, elles ont rencontré le Tombeur de Malo-les-Bains. Est-ce que je me serais pas fait avoir ?, se sont-elles dit, tandis que l’Air de la bande se faisait sentir. Ah, Putain d’Islande... Quarante-deux titres au total (avec cinq rappels), dont deux créations, inédites, Les Loups de Mer et Dot’Line, ont tenu en haleine les carnavaleux. « Ces deux-là, on les a écrites entre l’Olympia et le Kursaal », précise Christophe. Dans la salle, avant et après le concert, difficile de dénicher autre chose que de la satisfaction. Maxime, 23 ans, devenu femme par le truchement d’une robe léopard rembourrée comme il faut au niveau des poumons, n’en revient pas d’être là. « Ces gars-là, ils sont d’ici, comme nous et c’est pour ça qu’on les aime. Le vrai, le bon carnaval, c’est aussi grâce à des types comme les Prout qu’il peut exister et perdurer. » Pour Laure, Dunkerquoise de 33 ans, inconditionnelle et chanceuse qui a vu les Prout récemment en répétition à Dunkerque, le Kursaal aura été la séance de rattrapage de l’Olympia. « Je garderai le souvenir d’un super concert tout en ayant le sentiment d’avoir participé à un bal de carnaval. »