Voix du Nord du Lun 9 Mars 2009

Le mari, sa femme et le carnaval : le ménage à trois est désormais officiel

Carnaval de Dunkerque - Sabine et Pascal se sont dit oui, avec la bénédiction de l'adjointe aux fêtes et du tambour-major.
Le mariage en blanc manque de couleur ? Belle-Maman ne tient pas tant que ça à entrer au bras de son fiston à la mairie ? Vous préférez le pudding à la pièce montée ? Alors vous êtes faits pour un mariage carnavalesque, comme Sabine et Pascal !


Samedi, 14 h 30, place de la Liberté à Coudekerque-Branche, derrière l'église. Dans un boucan de tous les diables, le cortège des invités - quelque 350 masquelours - s'ébranle. Tambours rugissants et fifres impatients. Une chanson qui parle de « pêche à la morue ».

Devant les premières lignes, pas peu fiers de donner le bras au tambour-major, les mariés : Sabine et Pascal Declundre.

Ils sont arrivés à l'arrière d'une limousine. Non, c'est une blague : une petite citadine bourrée de ballons, avec des boas fluo en guise de noeuds-noeuds.

Ils ont claqué la bise à tout le monde, famille, amis de carnaval et amis tout court, en disant bien sûr : « Qu'est-ça dit ? » La mariée, clope au bec et biberon de punch autour du cou. Clope au bec itou mais gorge sèche, le marié. Aucun doute, ces deux-là sont faits l'un pour l'autre. À respectivement 41 et 44 ballets, après vingt ans de vie commune et deux grandes filles, ils ont décidé de sauter le pas. Cet été, Pascal a dit à Sabine : « Et si on se mariait... pendant la bande ? » Leur histoire n'a pas toujours été facile. Elle, fille de la ville, dont le père voyait d'un mauvais oeil tourner autour de la prunelle de ses yeux ce garçon. Lui, le gars de la campagne. Le couple s'est exilé à Nice une petite année : le carnaval, leur passion commune, leur manquait. C'était le début du ménage à trois !

À son clet'che habituel, Sabine a tout de même ajouté un voile blanc qui dépasse du chapeau fleuri et une petite culotte par-dessus le pantalon. Quant à Pascal, il a lavé pour l'occasion sa chemise corsaire qui eût été blanche et la marinière qui va avec. Évidemment, ni l'un ni l'autre n'ont ciré leurs godasses.

Les assauts de la fanfare font trembler l'ancienne mairie, où les mariés ont eu l'autorisation de célébrer leur union. L'adjointe aux fêtes a même mis un boa. Quand elle le troque pour l'écharpe tricolore, elle déclenche une tonitruante Marseillaise. « Pourquoi pas, à l'heure où elle est sifflée dans les stades ? », se félicite-t-elle, ravie de cette incursion « de la fête dans l'institution ». Ou l'inverse.

À 15 h pétante, les tambours ont cogné, comme le coeur de Pascal. Et Sabine a dit « oui ».

Au moment de l'échange des alliances, des invités ont dit tout haut ce que d'ordinaire à la noce, beaucoup pensent tout bas : « Finie la liberté ! » Sauf que Sabine et Pascal ont un contrat de mariage bien particulier : « Faire toutes les bandes ! ».

La fête a duré tout le week-end : des cochons grillés arrosés de 320 litres de punch attendaient les invités à la salle de sports de Ghyvelde.

Un mariage original ? Sabine et Pascal n'y tenaient pas tant que ça. En revanche, leur carnaval ne sera jamais plus comme les autres.

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