Edition du Sam 4 Fev. 2006 de la Voix du Nord par Bruno VERHEYDE
Le Chat noir se frise les moustaches
En deux ans, la capacité du Kursaal est passée de 5 500 à près de 9 500 places. Ce qui n’effraie pas les organisateurs de bals qui, la plupart, devraient faire le plein.
LE Chat noir va se friser les moustaches. C’est lui en effet qui, ce soir, va essuyer les plâtres, recevoir dans un Kursaal définitivement rénové.
Après deux saisons carnavalesques un peu troublées pour des organisateurs qui ont dû faire face au réaménagement des lieux et au nouveau tarif de location, l’année 2006 devrait être celle d’un retour à plus de sérénité. Dans un Kursaal qui a achevé sa mue, organisateurs et carnavaleux devraient vite retrouver leurs marques et se créer de nouvelles habitudes.
Le changement majeur intervenu depuis deux ans réside dans la capacité d’accueil d’une salle qui est passée de 5 500 à 9 500 places (carnavaleux, organisateurs et personnel de sécurité). Un agrandissement accompagné d’une nouvelle politique tarifaire qui avait provoqué quelques bonds, initié un nouveau type de chahut dans les rangs des sociétés carnavalesques.
Pour justifier cette inflation (4 000 € par jour ; moitié prix pour les jours de montage et de démontage), Rik Bollaert, directeur de Dunkerque Congrès (remercié il y a quelques semaines), avait avancé un argument massue : « C’est à l’utilisateur de payer le bâtiment, pas au contribuable. En vertu de la délégation de service public, cette tarification est fixe, quelle que soit la manifestation prévue. »
De quoi assommer les présidents d’associations qui pensaient (malgré l’accroissement de la capacité de la salle) voir d’un coup s’envoler une bonne partie de leurs bénéfices annuels. Groggy, certains avaient même envisagé de déserter le lieu pour émigrer vers d’autres cieux.

« Un véritable "Effet Kursaal" »
Afin de prévenir l’exode, la municipalité proposa l’an dernier aux sociétés philanthropiques, locataires du Kursaal pour les bals de carnaval, de signer une convention. Celle-ci prévoyait la prise en charge, par la mairie, du surcoût de location. En contrepartie, chaque association signataire s’engageait à reverser au centre communal d’action sociale un don égal à la moitié des recettes faites sur les entrées au-delà des 5 000 autorisées l’année précédente. Sept des dix associations locataires avaient signé la convention (Quat’Z’Arts, Kakernesches, Acharnés, Chevaliers du XXe siècle, Jeune France, HBM-sapeurs-pompiers Malo, Sporting).
Un an plus tard, seules quatre ont de nouveau demandé à bénéficier de cette « assurance » : celles organisant les deux bals du dimanche soir (Les Acharnés, La Violette), le bal enfantin et le bal du Sporting.
« Les demandes seront examinées par la commission, et le conseil municipal prendra une décision lors de sa prochaine réunion , déclare Jean-Pierre Demortier, directeur du service animation. Le fait qu’il y ait moitié moins de demandes que l’an dernier prouve qu’il y a un véritable "Effet Kursaal". Avec l’augmentation de capacité, les organisateurs se demandaient s’ils parviendraient à remplir. Ils ont été rassurés et après avoir fait les calculs, ils se sont vite aperçus qu’il était plus intéressant, financièrement, de payer la totalité de la location puisque les bénéfices étaient conséquents. Pour le bal enfantin (NDLR : organisé par les Chevaliers du XXe siècle dont Jean-Pierre Demortier est président), par contre, qui regroupe chaque année environ 4 600 personnes, la convention est nécessaire.
»
Elle est désormais superflue pour les Quat’Z’Arts, organisateurs du bal d’ouverture, ce soir. « L’an passé, on allait à la découverte , assure Stéphane Lemort, président de l’association. Nous avions pris cette convention comme une assurance. Ce fut un excellent moyen de faire la transition entre l’ancien et le nouveau Kursaal, de voir sans risque comment allaient s’adapter les carnavaleux à ce nouvel espace. La mairie a joué le jeu et nous avons été rassurés. Cette année, nous avons repris notre "indépendance" tout en sachant que nous sommes toujours très bien aidés par la mairie, via la mise à disposition de matériels et des services techniques. Cela dit, en ne signant plus cette convention, nous prenons un risque. Nous ne savons pas, en mettant les billets en vente, s’ils seront tous vendus. Les associations ont toutes déjà connu des années de vaches maigres, alors... »
Cette année, le Chat noir, qui fête ses 80 ans et son soixantième bal, ne devrait en faire qu’une bouchée !